Bail commercial : Droit de préférence et vente judiciaire
Publié le :
02/09/2024
02
septembre
sept.
09
2024
Par un arrêt du 13 juin 2024 (n°23-13.728), la troisième chambre de la Cour de cassation a jugé que le droit de préférence du locataire commercial ne s’applique pas aux ventes faites d’autorité de justice, y compris les ventes amiables sur autorisation judiciaire.Dans cette espèce, une procédure de saisie immobilière a été engagée par un créancier du bailleur commercial, portant sur les locaux loués. Dans le cadre de la procédure de saisie immobilière, le bailleur a été autorisé à vendre amiablement le bien loué sur autorisation du juge de l’exécution, conformément aux dispositions des articles R.322-20 et suivants du Code des procédures civiles d’exécution. L’acte de vente amiable a été dressé et la vente a été constatée par le juge de l’exécution.
C’est dans ces conditions que le locataire commercial a assigné en nullité de la vente aux motifs que son droit de préférence n’aurait pas été purgé.
Il est rappelé que l’article L.145-46-1 du Code de commerce dispose que lorsque le propriétaire d’un local commercial ou artisanal envisage de vendre ce dernier, il en informe son locataire en lui indiquant le prix et les conditions de la vente. Le locataire dispose d’un délai d’un mois pour se prononcer. Ce droit de préférence institué au profit du locataire commercial est d’ordre public.
Le Tribunal de Grande Instance d’Orléans a rejeté les prétentions du locataire commercial. La Cour d’appel d’Orléans a confirmé le jugement de première instance.
La Cour d’appel avait retenu que « la vente amiable sur autorisation judiciaire intervenant dans le cadre d'une procédure de saisie immobilière est une vente faite d'autorité de justice qui n'a pas le caractère d'une vente volontaire, de sorte que le droit de préférence du locataire d'un bail commercial prévu par l'article L. 146-45-1 du code de commerce n'est pas applicable. »
La Cour de cassation approuve la Cour d’appel et rejette le pourvoi formé par le locataire.
La Cour de cassation fait un rappel dans un premier temps de la jurisprudence applicable, à savoir que les dispositions de l'article L. 145-46-1 du code de commerce ne sont pas applicables aux ventes faites d'autorité de justice.
Ce principe avait été tranché tout d’abord s’agissant de ventes immobilières aux enchères publiques (Cass., 3e Civ., 17 mai 2018, n° 17-16.113, Bull. 2018, III, n° 5 et Cass., Com., 23 mars 2022, pourvoi n° 20-19.174 ), et ensuite en matière de vente sur adjudication (3eme Civ., 30 novembre 2023, pourvoi n° 22-17.505, publié).
Dans un second temps, la Cour précise, en reprenant les termes de la Cour d’appel d’Orléans, que les ventes amiables sur autorisation judiciaire, lorsqu’elles interviennent dans le cadre d’une procédure de saisie immobilière, sont des ventes faites d’autorité de justice qui n’ont pas le caractère d’une vente volontaire, et ne sont pas soumise au droit de préférence du locataire commercial prévu par l’article L.145-46-1 du Code de commerce.
Ainsi, le locataire commercial ne pouvait se prévaloir du droit de préférence prévu par l'article L. 145-46-1 du code de commerce sur le local vendu.
Cet article n'engage que son auteur.
Auteur
France-Olivia KWAN
Avocat directrice
CORNET, VINCENT, SEGUREL PARIS
PARIS (75)
Historique
-
Bail commercial : Droit de préférence et vente judiciaire
Publié le : 02/09/2024 02 septembre sept. 09 2024Entreprises / Gestion de l'entreprise / Construction ImmobilierPar un arrêt du 13 juin 2024 (n°23-13.728), la troisième chambre de la Cour de cassation a jugé que le droit de préférence du locataire commercial ne s’app...
-
Assurance construction : activités déclarées et activités accessoires
Publié le : 02/09/2024 02 septembre sept. 09 2024Particuliers / Patrimoine / ConstructionEntreprises / Gestion de l'entreprise / Construction ImmobilierLes propriétaires d’une maison d’habitation ont confié à une entreprise la fourniture et l’installation d’un poêle à bois, qui a sous-traité la pose du con...
-
Restitution de locaux par le locataire dans un état non conforme à ses obligations : quel est le montant des dommages-intérêts ?
Publié le : 28/08/2024 28 août août 08 2024Entreprises / Gestion de l'entreprise / Construction ImmobilierLa fin des rapports contractuels entre un bailleur et un locataire commercial est souvent source de conflit. Le bailleur espère récupérer son bien en bon é...
-
Irrégularité d’une méthode de notation des offres basée sur les rangs de classement
Publié le : 22/08/2024 22 août août 08 2024Collectivités / Marchés publics / Procédure de passationLa liberté dont disposent les acheteurs et les autorités concédantes en matière de méthode de notation des offres dans le cadre de la passation des contrat...
-
Précisions du Conseil d’État sur la prescription de l’action en garantie décennale
Publié le : 21/08/2024 21 août août 08 2024Collectivités / Contentieux / Tribunal administratif/ Procédure administrativeDans un arrêt du 7 juin 2024 Communauté de communes des Pays du Sel et du Vermois (n° 472662), le Conseil d’État a apporté des précisions sur le régime de...
-
La nécessité immédiate de prendre en compte le risque « érosion » dans le cadre de l’instruction des autorisations d’urbanisme
Publié le : 16/08/2024 16 août août 08 2024Collectivités / Urbanisme / Permis de construire/ Documents d'urbanismeLa loi Climat et résilience offre aux communes volontaires de nombreux outils pour s’adapter et gérer au mieux le risque lié au phénomène de l’érosion. L...
-
Procédure d’appel : fixation de l’affaire à bref délai et délai de trois mois pour conclure
Publié le : 14/08/2024 14 août août 08 2024Particuliers / Civil / Pénal / Procédure civileOn distingue trois types de procédures d’appel : Appel ordinaire : L'appelant a trois mois à compter de la déclaration d'appel[1] pour soumettre ses c...