
Employeur et salarié face à la modification du contrat de travail
Publié le :
04/10/2018
04
octobre
oct.
10
2018
Modifications du contrat de travail : lesquelles sont autorisées sans l'accord du salarié ? Lesquelles nécessitent l'accord du salarié ? Sous quelles conditions ? Quelle sanction en cas de refus du salarié ? Quelle procédure recpecter ?
Le salarié peut-il refuser la modification de son contrat de travail ? oui, mais…
Par principe, la modification d’un élément essentiel du contrat de travail, tel que la rémunération, la durée du travail ou le lieu de travail, nécessite l’accord exprès du salarié.
Néanmoins, le contrat de travail peut comporter des clauses contraignant le salarié à accepter certaines modifications de son contrat, dans des conditions strictement encadrées par la loi et, le cas échéant, les conventions et accords collectifs applicables dans l’entreprise.
Tout particulièrement, le contrat de travail peut comporter une clause dite « de mobilité » qui, sous réserve notamment qu’elle définisse de façon précise sa zone géographique d’application, oblige le salarié, sur demande de l’employeur, à aller travailler au-delà du secteur géographique dans lequel se situe son lieu de travail initial.
Dans ce cas, le refus du salarié l’expose à un licenciement pour faute, potentiellement grave, c’est-à-dire privant le salarié de son indemnité de licenciement et de son préavis.Il existe par ailleurs des cas dans lesquels l’employeur peut tirer les conséquences d’un refus du salarié en engageant une procédure de licenciement pour un motif non inhérent, cette fois, à la personne du salarié.
L’employeur peut-il imposer la modification du contrat de travail ? oui, mais…
Lorsque le salarié est lié par une clause de mobilité qui l’oblige à accepter la modification de son lieu de travail, l’employeur peut en tirer les conséquences d’un refus en licenciant le salarié pour faute, à moins que ce refus soit justifié, notamment si l’application de la clause porte une atteinte disproportionnée au droit du salarié à une vie personnelle et familiale.Il est en outre des hypothèses où l’employeur peut, en cas de refus du salarié d’une modification quelconque d’un élément essentiel de son contrat de travail, mettre en œuvre une procédure de licenciement, pour motif économique cette fois.
A cet égard, la Cour de Cassation vient de rappeler (Cour de Cassation, Chambre Sociale, 11 juillet 2018, n° 17-12.747) que l’employeur doit alors respecter la procédure de licenciement pour motif économique :
- il doit notamment justifier de ce que la modification proposée résulte de difficultés économiques ou de mutations technologiques ou qu’elle est indispensable à la sauvegarde de la compétitivité de l’entreprise,
- il doit encore consulter les institutions représentatives du personnel et appliquer, s’il y a lieu, les critères d’ordre de licenciement pour déterminer les salariés concernés par la modification envisagée,
- il doit ensuite adresser au salarié concerné un courrier recommandé avec accusé de réception l’informant de ses nouvelles conditions d’emploi et des éventuelles mesures d’accompagnement et lui précisant qu’il dispose d’un délai d’un mois à compter de la réception de ce courrier pour faire connaître son refus, à défaut de quoi la modification serait réputée acceptée par le salarié,
- il doit enfin rechercher une solution de reclassement pour le salarié, qui peut consister à lui reproposer la modification de contrat initialement refusée.
A défaut, le licenciement sera jugé abusif.
Que l’on soit salarié ou employeur, il est donc impératif d’anticiper ces situations de modification du contrat de travail pour apprécier en amont, dans une configuration donnée, ce que l’on est en droit de refuser ou d’imposer.
Cet article n'engage que son auteur.
Crédit photo : © chany167 - Fotolia.com
Auteur

LAVERNE Christelle
Avocate Associée
ENOTIKÓ AVOCATS
VOGLANS (73)
Historique
-
Employeur et salarié face à la modification du contrat de travail
Publié le : 04/10/2018 04 octobre oct. 10 2018Particuliers / Emploi / Contrat de travailEntreprises / Ressources humaines / Contrat de travailModifications du contrat de travail : lesquelles sont autorisées sans l'accord du salarié ? Lesquelles nécessitent l'accord du salarié ? Sous quelles condi...
-
Rupture du contrat d’agent commercial au cours de la période d’essai
Publié le : 02/07/2018 02 juillet juil. 07 2018Entreprises / Ressources humaines / Contrat de travailRAPPEL En France, le statut des agents commerciaux est encadré par les articles L134-1 et suivants et R134-1 et suivants du Code de commerce. Ces textes...
-
Succession de CDD de remplacement : la Cour de Cassation assouplit sa jurisprudence
Publié le : 03/04/2018 03 avril avr. 04 2018Entreprises / Ressources humaines / Contrat de travailLa Cour de Cassation invite les juridictions du fond à une analyse plus poussée des demandes de requalification qui leur sont soumises : comment alors cara...
-
Contrepartie de la clause de non-concurrence et circonstances de la rupture
Publié le : 06/02/2018 06 février févr. 02 2018Entreprises / Ressources humaines / Contrat de travailLa Cour de Cassation vient de juger que les dispositions de la convention collective, qui encadrent parfois la clause de non-concurrence au sein de certain...
-
Les conventions de forfait sont-elles présumées dangereuses pour la santé ?
Publié le : 29/11/2017 29 novembre nov. 11 2017Entreprises / Ressources humaines / Contrat de travailEn d’autres termes, l’employeur doit-il se sentir en danger permanent ou, à tout le moins, vivre la relation contractuelle en assumant une insécurité jurid...
-
Ordonnances Macron : une plus grande flexibilité pour les employeurs ?
Publié le : 06/11/2017 06 novembre nov. 11 2017Entreprises / Ressources humaines / Contrat de travailLes cinq ordonnances du 22 septembre 2017 introduisent des changements importants tant dans les relations individuelles que dans les relations collectives...
-
La qualité de cadre dirigeant est exclue en cas de référence contractuelle au forfait jours
Publié le : 03/11/2017 03 novembre nov. 11 2017Entreprises / Ressources humaines / Contrat de travailL’employeur, en concluant avec le salarié une convention incluant une clause de forfait jours, a, de fait, selon la Cour de Cassation, exclu le statut de c...