
Maïs OGM et affaire Monsanto: annulation des arrêtés par le Conseil d'Etat
Publié le :
22/02/2012
22
février
févr.
02
2012
Deux arrêtés ministériels de suspension et d'interdiction concernant le maïs OGM MON 810 sont annulés par le Conseil d'Etat.
Annulation des arrêtés ministériels de suspension et d'interdiction concernant le maïs OGM
- Conseil d'Etat 28 novembre 2011 société MONSANTO et autres n° 312921;
- Conseil d'Etat, 28 novembre 2011 société MONSANTO et autres n° 313546 et svts...
C'est en procédant à ces rappels, et en considérant que de telles conditions n'étaient pas remplies que le Conseil d'Etat procède à l'annulation de deux arrêtés du ministre de l'agriculture et de la pêche des 5 décembre 2007 et 7 février 2008 modifiés par l'arrêté du 13 février 2008 valant respectivement suspension de la cession et de l'utilisation de semences de maïs génétiquement modifié MON 810 et interdiction de la mise en culture des variétés de semences de maïs génétiquement modifié Zea Mays L. lignée MON 810.
Le principe est clair : la compétence communautaire est la règle, la compétence nationale étant une exception strictement encadrée.
Ces deux décisions interviennent après l'arrêt du 8 septembre 2011 pris par la Cour de justice des communautés européennes saisie sur question préjudicielle du Conseil d'Etat.
Ce dernier reprend le principe (CJCE 25 mars 1999, commission contre République italienne C 05/12/97) selon lequel "lorsque des règlements ou des directives communautaires procèdent à une harmonisation exhaustive des mesures nécessaires à assurer la protection de la santé humaine et la santé animale et aménagent des procédures communautaires de contrôle de leur observation, c’est dans le cadre tracé par le règlement ou la directive d’harmonisation que les contrôles appropriés doivent être effectués et les mesures de protection prises".
Ce faisant, le Conseil d'état écarte :
- l'application des Art. L. 535-2 du code de l'environnement et L 251 -1 du code rural concernant de manière générale les mesures de suspension des OGM et autres semences en cas de danger pour la santé publique et l'environnement.
- l'argument de l'Etat français relatif au respect de l'Art. 34 du règlement (CE) n° 1829 / 2003 en considérant que le Ministre n'établirait pas l'existence de circonstances de nature à caractériser une urgence et d'une situation susceptible de présenter un risque important en mettant en péril de façon manifeste la santé humaine, la santé animale ou l'environnement;
Sans qu'il s'agisse là de prendre position sur un plan purement environnemental, cette décision, constitutive pour certains d'une atteinte à l'environnement ainsi qu'il ressort des nombreux commentaires de la presse sur le sujet, n'en demeure pas moins fondée sur le plan juridique et caractéristique de la prégnance du droit communautaire dans ce domaine.
Cette décision est au demeurant conforme à la jurisprudence communautaire rappelée dans le cadre de l'arrêt de la Cour de Justice de l'Union Européenne du 8 septembre 2011 (Cour de Justice de l'Union Européenne 9 septembre 2003 MONSANTO AGRICOLTURA ITALIA n°1C- 236 /01).
A ce titre, la Cour de Justice de l'Union Européenne considère que les mesures de protection ne sauraient être valablement motivées par une approche purement hypothétique du risque, fondée sur de simples suppositions scientifiquement non encore vérifiées mais bien sur une évaluation des risques aussi complète que possible compte tenu des circonstances particulières du cas d'espèce qui révéleraient le fait que ces mesures soient nécessairement imposées.
Il semblerait cependant que l'Etat français entende sur un plan strictement politique maintenir le moratoire nonobstant la décision du Conseil d'Etat, une décision devant être prise à la fin du mois de février.
En outre, il résulterait également des déclarations du semencier MONSANTO que celui-ci ne souhaiterait pas commercialiser de maïs transgénique MONSANTO 810 en France en 2012 et ce nonobstant l'annulation de la clause de sauvegarde appliquée à son encontre (source Capital.fr 24 janvier 2012).
Cet article n'engage que son auteur.
Crédit photo : © minicel73 - Fotolia.com
Auteur

Jean-Philippe RUFFIE
Avocat Associé
Cabinet LEXIA
BORDEAUX (33)
Historique
-
Limites de l'autonomie de la QPC (question prioritaire de constitutionnalité)
Publié le : 23/02/2012 23 février févr. 02 2012Collectivités / Contentieux / Tribunal administratif/ Procédure administrativeSi le Conseil d’Etat avait jugé la question sérieuse et l’avait transmise au Conseil Constitutionnel, ce dernier aurait statué même si entre temps le désiste...
-
Anonymat des parrainages: le Conseil constitutionnel déboute Marine Le Pen
Publié le : 22/02/2012 22 février févr. 02 2012Collectivités / Contentieux / Responsabilité civile et pénale de l'éluLe Conseil constitutionnel a annoncé, mardi 21 février 2012, qu'il maintenait la règle imposant de rendre publics les 500 parrainages d'élus nécessaires pour...
-
Maïs OGM et affaire Monsanto: annulation des arrêtés par le Conseil d'Etat
Publié le : 22/02/2012 22 février févr. 02 2012Collectivités / Environnement / EnvironnementDeux arrêtés ministériels de suspension et d'interdiction concernant le maïs OGM MON 810 sont annulés par le Conseil d'Etat.Annulation des arrêtés ministérie...
-
La participation du public renforcée en matière d’environnement
Publié le : 21/02/2012 21 février févr. 02 2012Collectivités / Environnement / EnvironnementLa QPC (Question Prioritaire de Constitutionalité) au service de l'environnement : Le principe de participation du public (Conseil Constitutionnel 14 octobre...
-
Procédure d'asile: condamnation de la France par la CEDH
Publié le : 21/02/2012 21 février févr. 02 2012Collectivités / International / Droit Européen / Droit communautaireLa CEDH a donné raison à un immigré soudanais qui contestait le refus des autorités françaises de lui accorder le droit d'asile, estimant que la procédure pr...
-
Biodéchets et obligation de tri à la source
Publié le : 20/02/2012 20 février févr. 02 2012Collectivités / Environnement / Principes générauxUne circulaire du ministère de l’Ecologie du 10 janvier 2012 précise les modalités d’application de l’obligation de tri à la source des biodéchets par les gr...
-
Principe de précaution et antennes relais
Publié le : 20/02/2012 20 février févr. 02 2012Collectivités / Environnement / Principes générauxPas de violation du principe de précaution en l'absence d'éléments circonstanciés faisant apparaître, en l'état des connaissances scientifiques, des risques...