
Parution du décret relatif aux prêts entre entreprises
Publié le :
21/06/2016
21
juin
juin
06
2016
Partant du constat que les petites et moyennes entreprises ont difficilement accès au crédit, le législateur a entendu faciliter la conclusion de prêts entre entreprises, apportant ainsi une nouvelle dérogation au monopole bancaire.Décret n°2016-501 du 22 avril 2016, relatif aux prêts entre entreprises
Dans sa rédaction issue de la loi dite Macron du 6 août 2015, l’article L. 511-6 du Code monétaire et financier prévoit désormais que l’interdiction de distribuer des crédits ne s’applique pas « Aux sociétés par actions ou aux sociétés à responsabilité limitée dont les comptes font l'objet d'une certification par un commissaire aux comptes qui consentent, à titre accessoire à leur activité principale, des prêts à moins de deux ans à des microentreprises, des petites et moyennes entreprises ou à des entreprises de taille intermédiaire avec lesquelles elles entretiennent des liens économiques le justifiant. » Les conditions d’application de ce texte viennent d’être précisées par les articles R. 511-2-1-1 et R. 511-2-1-2 du CMF, créés par un décret du 22 avril 2016.
Aux termes de l’article L. 511-6 du CMF, le prêteur doit donc être une SARL ou une société par actions, dont les comptes sont certifiés par un commissaire aux comptes. L’octroi de crédit doit évidemment constituer une activité accessoire pour le prêteur et l’opération ne doit pas avoir pour effet de porter atteinte aux règles relatives aux délais de paiement. En outre, les créances résultant de ces prêts ne peuvent pas être acquises par un organisme de titrisation.
L’article R. 511-2-1-1 précise la nature des « liens économiques » justifiant l’octroi d’un prêt. Il s’agit, notamment, de l’appartenance des deux entreprises à un GIE ou à un groupement attributaire d’un marché public ; d’entreprises ayant bénéficié de certaines subventions ou encore d’entreprises liées par un rapport de sous-traitance. Le texte autorise également une entreprise à prêter de l’argent à un autre opérateur économique en cas de concession, par le prêteur, d’un droit de propriété industrielle ou d’une franchise. Le client pourra également prêter à son fournisseur lorsque la relation économique représente au moins 500 000 euros à la date du prêt, ou au moins 5 % du chiffre d’affaires de l’emprunteur. Dans ces différentes hypothèses, le prêt pourra aussi être consenti par un membre du groupe de l’entreprise prêteuse ou bénéficier à un membre du groupe de l’entreprise emprunteuse (la notion de groupe étant ici appréciée au sens de l’article L. 233-16 du Code de commerce).
Par ailleurs, afin de limiter les risques pour le prêteur, l’article R. 511-2-1-2 précise que le prêt ne peut être consenti que si quatre conditions cumulatives sont remplies. En synthèse, les capitaux propres du prêteur doivent être, à la clôture des deux exercices précédant le prêt, supérieurs au montant du capital social. La trésorerie nette et l’excédent brut d’exploitation doivent par ailleurs être positifs. Enfin, les prêts doivent être suffisamment diversifiés et ne doivent pas excéder certains plafonds et ratios, dépendant de l’envergure économique et de la trésorerie de l’entreprise.
Enfin, pour protéger les associés, le commissaire aux comptes devra établir une déclaration attestant du montant initial, du capital restant dû et du respect des obligations relatifs à chaque contrat de prêt.
Si l’intention du législateur semble louable, de nombreuses questions restent sans réponse. Quid, par exemple, de la responsabilité du prêteur non professionnel ou encore de la protection de l’emprunteur ?
Cet article n'engage que son auteur.
Crédit photo : © Wild Orchid - Fotolia.com
Auteur

GARINOT Jean-Marie
Avocat Associé
DU PARC - MONNET - DIJON
DIJON (75)
Historique
-
Parution du décret relatif aux prêts entre entreprises
Publié le : 21/06/2016 21 juin juin 06 2016Entreprises / Finances / Banque et financePartant du constat que les petites et moyennes entreprises ont difficilement accès au crédit, le législateur a entendu faciliter la conclusion de prêts entre...
-
Point de départ de la prescription en matière de crédit immobilier : retour à la case départ
Publié le : 25/04/2016 25 avril avr. 04 2016Entreprises / Finances / Banque et financeLa Cour de cassation vient par quatre arrêts rendus le même jour, le 11 février 2016, et publiés au Bulletin, affirmer le contraire de ce qu’elle affirmait d...
-
Le droit des marchés financiers
Publié le : 07/04/2016 07 avril avr. 04 2016Entreprises / Finances / Banque et financeLe 11 mars 2016 au siège d’EUROJURIS FRANCE, Monsieur Jean-Marc MOULIN, Professeur à l’Université de Perpignan a dispensé une formation sur les marchés fina...
-
Publicité des comptes sociaux : le législateur (enfin) à l’écoute des PME
Publié le : 09/02/2016 09 février févr. 02 2016Entreprises / Finances / Banque et financePar principe, les sociétés à risque limité (SARL, SA, SAS) doivent publier leurs comptes annuels au greffe du tribunal de commerce.En pratique, le bilan, le...
-
Certification des comptes des organisations professionnelles d'employeurs
Publié le : 15/12/2015 15 décembre déc. 12 2015Entreprises / Finances / Banque et financeUn décret du 24 novembre 2015 relatif à la certification et à la publicité des comptes des syndicats professionnels de salariés ou d'employeurs et de leurs u...
-
Publication d'un décret relatif à la société de libre partenariat
Publié le : 07/10/2015 07 octobre oct. 10 2015Entreprises / Finances / Banque et financeLe décret n° 2015-1204 du 29 septembre 2015 relatif à la société de libre partenariat est pris en application de l'article 145 de la loi du 6 août 2015 pour...
-
Mise en œuvre des exigences relatives à la nouvelle organisation d'échanges interbancaires européens
Publié le : 17/09/2015 17 septembre sept. 09 2015Entreprises / Finances / Banque et financeUn décret du 14 septembre 2015 met en oeuvre des exigences relatives à la nouvelle organisation d'échanges interbancaires européens.Le décret n° 2015-1136 du...