EHPAD et faits de maltraitance: décisions du Conseil de discipline et du Juge des Référés

EHPAD et faits de maltraitance: décisions du Conseil de discipline et du Juge des Référés

Publié le : 23/05/2012 23 mai mai 05 2012

Aux termes de son ordonnance du 16 mai 2012, prenant le contre-pied du conseil de discipline, le Juge des Référés a rejeté la demande de suspension dont il était saisi tout en reconnaissant que la condition d’urgence était réunie.

Conseil de discipline et Juge des Référés : Un dossier, deux approches !Une adjointe technique recrutée en 1992 par un EHPAD afin de préparer et servir les repas des résidents ainsi que d’effectuer le ménage a sollicité en 2008 à travailler de nuit afin d’assister les aides-soignants.

Dès 2010, les premiers faits de maltraitance sur personnes âgées dépendantes lui ont été reprochés et une sanction d’exclusion de ses fonctions a été prononcée à son encontre et n’a pas été contestée par l’intéressée.

Toutefois, en 2011 le nouveau binôme de l’agent a lui aussi dénoncé aux termes d’un témoignage détaillé et circonstancié, de nouveaux actes de maltraitance commis sur certains résidents, qui atteints de troubles cognitifs majeurs, n’étaient donc pas en mesure de rapporter les sévices dont ils étaient victimes (excès de langage, agressivité et brusquerie).


La direction de l’établissement, compte tenu de la gravité et de la réitération des faits, a donc décidé de réunir le conseil de discipline.

Ce dernier a cependant considéré qu’il ne lui était pas possible de se prononcer sur la sanction proposée car selon lui, les faits n’étaient pas matériellement établis au vu du seul témoignage de l’aide-soignant qui était le seul à intervenir de nuit avec l’agent incriminé.

L’EHPAD a tout de même maintenu le principe de la sanction et a prononcé une exclusion de fonctions pour une durée de 6 mois.

L’agent ainsi sanctionnée, a alors saisi le Tribunal Administratif de Rennes tant d’un recours au fond que d’une requête en référé suspension.

Aux termes de son ordonnance du 16 mai 2012, prenant le contre-pied du conseil de discipline, le Juge des Référés a quant à lui rejeté la demande de suspension dont il était saisi tout en reconnaissant que la condition d’urgence était réunie (T.A de Rennes 16 mai 2012 « Madame L c/ EHPAD de l’Ile aux Moines » req. n° 1201559-6).

Par contre, au titre d’un doute sérieux sur la légalité, le Juge des Référés par une motivation particulièrement circonstanciée et à l’inverse de la commission administrative paritaire, a retenu que les faits étaient matériellement suffisamment établis compte tenu du caractère détaillé, et précis du témoignage ayant déclenché les poursuites disciplinaires.

Le magistrat considère également que les faits reprochés constituent des actes de maltraitance et non de simples « écarts de comportement » soit donc autant de fautes professionnelles ; et que compte tenu de la gravité et de la réitération de ces actes, la sanction prononcée ne s’avère pas disproportionnée.

Ainsi, sur un dossier identique composé des mêmes pièces, le juge des référés adopte une solution diamétralement opposée à celle plus « partiale et corporatiste» telle que retenue par le conseil de discipline.
Cet exemple illustre, une fois encore, la réelle dichotomie existant entre la vision « politique » du conseil de discipline et celle strictement juridique du juge administratif.





Cet article n'engage que son auteur.

Crédit photo : © JPC-PROD - Fotolia.com

Auteur

CAZO Marc
Avocat Collaborateur
LEXCAP RENNES
RENNES (35)
Voir l'auteur Contacter l'auteur Tous les articles de l'auteur Site de l'auteur

Historique

<< < ... 465 466 467 468 469 470 471 ... > >>
Information sur les cookies
Nous avons recours à des cookies techniques pour assurer le bon fonctionnement du site, nous utilisons également des cookies soumis à votre consentement pour collecter des statistiques de visite.
Cliquez ci-dessous sur « ACCEPTER » pour accepter le dépôt de l'ensemble des cookies ou sur « CONFIGURER » pour choisir quels cookies nécessitant votre consentement seront déposés (cookies statistiques), avant de continuer votre visite du site. Plus d'informations
 
ACCEPTER CONFIGURER REFUSER
Gestion des cookies

Les cookies sont des fichiers textes stockés par votre navigateur et utilisés à des fins statistiques ou pour le fonctionnement de certains modules d'identification par exemple.
Ces fichiers ne sont pas dangereux pour votre périphérique et ne sont pas utilisés pour collecter des données personnelles.
Le présent site utilise des cookies d'identification, d'authentification ou de load-balancing ne nécessitant pas de consentement préalable, et des cookies d'analyse de mesure d'audience nécessitant votre consentement en application des textes régissant la protection des données personnelles.
Vous pouvez configurer la mise en place de ces cookies en utilisant les paramètres ci-dessous.
Nous vous informons qu'en cas de blocage de ces cookies certaines fonctionnalités du site peuvent devenir indisponibles.
Google Analytics est un outil de mesure d'audience.
Les cookies déposés par ce service sont utilisés pour recueillir des statistiques de visites anonymes à fin de mesurer, par exemple, le nombre de visistes et de pages vues.
Ces données permettent notamment de suivre la popularité du site, de détecter d'éventuels problèmes de navigation, d'améliorer son ergonomie et donc l'expérience des utilisateurs.
Navigateur non pris en charge

Le navigateur Internet Explorer que vous utilisez actuellement ne permet pas d'afficher ce site web correctement.

Nous vous conseillons de télécharger et d'utiliser un navigateur plus récent et sûr tel que Google Chrome, Microsoft Edge, Mozilla Firefox, ou Safari (pour Mac) par exemple.
OK