Elections municipales maintenues : rappel de quelques règles en matière de contentieux électoral
Publié le :
13/03/2020
13
mars
mars
03
2020
Alors que le Président de la République a annoncé hier soir le maintien des élections municipales des 15 et 22 mars 2020 malgré l'épidémie de Coronavirus, le cabinet DU PARC souhaite vous dresser un bref rappel des règles applicables en matière de contentieux électoral.
Qui peut former une protestation électorale ?
L'article L.248 du Code électoral prévoit que:"Tout électeur ou tout éligible a le droit d'arguer la nullité des opérations électorales de la commune devant le Tribunal administratif.
Le Préfet, s'il estime que les conditions et les formes légalement prescrites n'ont pas été remplies, peut également déférer les opérations électorales au Tribunal administratif".
Le principe est ainsi que tout électeur de la commune, et a fortiori tout candidat - personne physique - peut contester les opérations électorales de sa collectivité en cette qualité.
En revanche, les personnes morales, comités de soutien ou partis politiques n'ont pas qualité pour agir en matière électorale (voir pour exemple CE, 17 octobre 1986, n°70266).
Dans quel délai et sous quelle forme faut-il saisir le juge électoral ?
Le délai pour former une protestation électorale est extrêmement court puisqu'il doit être déposé au plus tard à 18h le cinquième jour qui suit l'élection, soit avant le vendredi 20 mars à 18h pour le premier tour et le vendredi 27 mars à 18h pour le second tour.L'article R.119 du Code électoral prévoit ainsi que les réclamations contre les opérations électorales doivent être consignées au procès-verbal, sinon être déposées, à peine d'irrecevabilité, au plus tard à 18h le cinquième jour qui suit l'élection, à la sous-préfecture ou à la préfecture.
Ces protestions sont alors immédiatement adressées au Préfet qui les fait enregistrer au Greffe du Tribunal administratif.
Elles peuvent également être déposées directement au Greffe du Tribunal administratif dans le même délai.
- En résumé, il est recommandé au requérant de saisir directement le Tribunal administratif du lieu de l'élection dans les délais susmentionnés.
En application de l'article R.120 du Code électoral, le Tribnal administratif devra prononcer sa décision dans un délai de trois mois à compter de l'enregistrement de la réclamation, dès lors que nous sommes dans un cas de renouvellement général.
Enfin, si le ministère d'avocat n'est pas obligatoire, il convient de rappeler que la protestation doit, pour être recevable, contenir des conclusions aux fins d'annulation des opérations électorales et contenir des griefs précis mettant en cause leur validité (CE, 9 octobre 2002, n°235362).
Quels sont les pouvoirs du Juge en matière électorale?
Le Juge électoral est le garant de la sincérité du scrutin et dispose pour se faire de pouvoirs élargis en ce qu'il peut prononcer l'annulation totale ou partielle des opérations électorales, proclamer l'élection d'un autre candidat lorsqu'il est en mesure d'apprécier l'incidence des irrégularités constatées, ou encore déclarer inéligible un candidat qui a accompli des manœuvres frauduleuses, dans les conditions prévues par l'article L.118-4 du Code électoral, ou qui a commis un manquement d'une particulière gravité aux règles relatives au financement des campagnes électorales (Article L.118-3 du Code électoral).Ainsi, si le Tribunal est en mesure de déterminer les bénéficiaires des suffrages écartés à tort ou mal décomptés (exemple: un bulletin a été comptabilisé au profit d'une liste alors qu'l aurait dû être déclaré nul), il pourra reconstituer les résultats de l'élection.
Il lui appartiendra alors soit d'annuler l'élection soit de la confirmer si les résultats ne sont pas modifiés après rectification des bulletins mal décomptés
En revanche, si les irrégularités constatées ne permettent pas au Juge de déterminer avec précision leur incidence sur le scrutin (exemple: irrégularités affectant le déroulement de la campagne électorale comme une fermeture prématurée d'un bureau de vote), il rendra une décision au regard de la gravité des irrégularités et de l'écart de voix en ayant résulté.
Le juge prononcera dans ce contexte une annulation totale des opérations électorales lorsqu'il constate le caractère insincère du scrutin et qu'il n'est pas en mesure de proclamer les résultats avec certitude, ou pour des motifs tenant à la personne du candidat, si ce dernier est déclaré inéligible ou en situation d'incompatibilité.
Avant d'engager une action contentieuse, il est donc conseillé de s'interroger sur l'impact d'une éventuelle irrégularité constatée sur les résultats des opérations électorales.
Cet article n'engage que son auteur.
Auteur
DANDON Cécile
Avocate Associée
DU PARC - MONNET - DIJON
DIJON (21)
Historique
-
Épidémie, force majeure et marché public
Publié le : 18/03/2020 18 mars mars 03 2020Collectivités / Marchés publics / ExécutionCoronavirusIl y a heureusement peu d'exemples d'annulation d'un marché public en raison d'une épidémie. En parcourant la jurisprudence, on trouve toutefois u...
-
Une société peut-elle se substituer à son fondateur dans l’exécution d’un bail sans qu’il y ait eu de formalité de reprise des actes ?
Publié le : 17/03/2020 17 mars mars 03 2020Actualités EUROJURISEntreprises / Contentieux / Justice commercialeUn arrêt de la Cour de Cassation du 15/01/2020 a répondu par l’affirmative et a estimé que lorsqu’un un bail commercial conclu par le fondateur d’une socié...
-
Mon salarié vient d’être élu au Conseil Municipal !
Publié le : 16/03/2020 16 mars mars 03 2020Entreprises / Ressources humaines / Temps de travailCollectivités / Services publics / Fonction publique / Personnel administratifAu lendemain des élections municipales, certains employeurs ont la surprise de devoir appeler leur salarié « Madame/Monsieur le Maire ! ». Si...
-
Les fins de non-recevoir depuis le décret du 11 décembre 2019
Publié le : 13/03/2020 13 mars mars 03 2020Particuliers / Civil / Pénal / Procédure pénale / Procédure civileLe décret n° 2019-1333 du 11 décembre 2019 a conféré au juge de la mise en état des pouvoirs accrus afin de ne laisser à la formation de jugement que le tr...
-
Elections municipales maintenues : rappel de quelques règles en matière de contentieux électoral
Publié le : 13/03/2020 13 mars mars 03 2020Collectivités / Contentieux / Responsabilité administrativeAlors que le Président de la République a annoncé hier soir le maintien des élections municipales des 15 et 22 mars 2020 malgré l'épidémie de Coronavirus,...
-
Les praticiens de santé face à l'échec de la conciliation organisée dans le cadre d'une plainte déposée par un patient
Publié le : 13/03/2020 13 mars mars 03 2020Particuliers / Santé / Responsabilité médicaleL’article L. 4123-2 du code de la santé publique, dispose que : « (…). Lorsqu'une plainte est portée devant le conseil départemental, son président en acc...
-
L'occupation domaniale à titre onéreux est un principe (presque) intangible
Publié le : 12/03/2020 12 mars mars 03 2020Collectivités / Finances locales / Fiscalité/ Gestion de fait/ Chambre des ComptesDans une décision du 1er juillet 2019 "ville de Paris", rendue sous le numéro 421 403, le Conseil d'État vient de déterminer les modalités de fixation de l...