Le dialogue des carmélites : reconnaissance de la liberté artistique de la mise en scène en droit français
Publié le :
27/06/2017
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2017
Le triomphe de la liberté de création
Le cabinet Adam-Caumeil, représenté par Judith Adam-Caumeil, avocat associé, a obtenu gain de cause dans un arrêt de principe rendu par la plus haute juridiction française dans une affaire où elle représentait et assistait l’Opéra de Munich dans l’affaire du « Dialogue des Carmélites » qui l’opposait à M. Gilles Bernanos, administrateur de la succession Georges Bernanos. Une décision « phare » qui pose la question du respect de l’œuvre et surtout de la liberté de création.
Judith Adam-Caumeil, avocat associé du cabinet Adam-Caumeil, bénéficiant d’une expertise reconnue en propriété intellectuelle, a conseillé l’Opéra de Munich dans la procédure qui l’opposait à M. Gilles Bernanos.
L’histoire est celle du Dialogue des carmélites, l’opéra de Poulenc monté à partir du texte de Bernanos, inspiré de la nouvelle de Gertrud von Le Fort, « la dernière à l’échafaud ».
Il a fallu qu’un metteur en scène avant-gardiste, Dimitri Tcherniakov avec sa vision toute personnelle revoit la scène finale de cet opéra pour ouvrir la controverse. En effet, dans l’Opéra de Poulenc et dans le texte de Bernanos, la fin est similaire : les religieuses montent à l’échafaud une à une en chantant le Salve Regina puis le Veni Creator. Elles disparaissent l’une après l’autre mais lorsqu’il ne reste plus qu’une religieuse, une jeune aristocrate parisienne, Blanche de la Force, qui avait décidé de rentrer au couvent, apparaît et monte aussi à l’échafaud.
Cette fin n’est pas celle du metteur en scène russe dans la version donnée à l’Opéra de Munich et commercialisée sous forme de vidéo. En effet, Tcherniakov a choisi de rassembler les carmélites dans une guérite en verre où se trouve placée une bonbonne de gaz. Les religieuses vont s’asphyxier mais elles ne meurent pas. En effet, Blanche de la Force va les délivrer avant d’aller elle-même s’enfermer dans la cage de verre qui explose.
Les juges se sont opposés dans cette procédure puisqu’en première instance, le tribunal de grande instance de Paris a débouté les ayants droit de Poulenc et Bernanos alors que la Cour d’Appel de Paris a considéré que « la mise en scène de Dimitri Tcherniakov réalise en sa scène finale une dénaturation des œuvres de Georges Bernanos et de Francis Poulenc (…) et porte ainsi atteinte aux droits moraux d’auteurs qui y sont attachés. »
Et pourtant, la Cour avait admis que les thèmes essentiels de l’œuvre, tels que l’espérance, le martyr, la grâce et la communion des saints, chers aux auteurs et mis en scène avaient été respectés. Une ambiguïté que la juridiction suprême vient de relever en cassant ce jour l’arrêt rendu par la Cour d’appel de Paris du 13 octobre 2015 pour défaut de base légale.
Nul doute, la juridiction suprême vient là de clore la controverse en reconnaissant la liberté artistique de la mise en scène en droit français.
La portée de cette décision de principe est très étendue car elle pourra s’appliquer également au travail du metteur en scène de théâtre, de ballet ou encore de cinéma.
« Le raisonnement de la Cour d’appel a montré ses failles. Elle s’est posée en gardien de l’œuvre première de Bernanos et Poulenc comme si une œuvre quelle qu’elle soit ne pouvait donner lieu à interprétation. Tcherniakov a certes apporté sa propre vision à l’œuvre première en modifiant la scène finale, mais la musique et le texte sont demeurés inchangés. Les thèmes essentiels de l’œuvre, notamment celui du martyr a été respecté car les religieuses étaient prêtes à mourir, mais elles ont été sauvées in extremis. Ainsi, aucune dénaturation de l’œuvre première ne peut être reprochée à Tcherniakov. Son œuvre dont la portée est universelle et intemporelle, restera gravée dans les mémoires des spectateurs. » précise Judith Adam-Caumeil, avocat associé.
Cet article n'engage que son auteur.
Auteur
ADAM-CAUMEIL Judith
Avocat Associé
Adam-Caumeil, avocats franco-allemands
PARIS (75)
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