Vente par une collectivité et dation paiement : attention au risque de requalification en commande publique
Publié le :
08/12/2022
08
décembre
déc.
12
2022
Dans un arrêt du 11 avril 2022 rendu sous le numéro 21 MA 00 539, toutefois inédit au recueil Lebon, la cour administrative d'appel de Marseille est venue apporter d'utiles précisions sur les modalités selon lesquelles il y a lieu de considérer une vente intervenant par une collectivité, le paiement du prix ayant lieu par remise d'une somme d'argent et d'un bien immobilier.Plus particulièrement, une promesse de vente concernant la commune de Grasse prévoyait qu'une vente aurait dû moyennant le prix de 3 millions d'euros qui serait payable comptant le jour de la constatation authentique de la réalisation de la promesse à concurrence de 2 550 000 €, le solde par la dation en paiement de lots devant consister en un local d'activité en configuration clos couvert, d'une surface de 350 m² environ avec cinq places de stationnement pour une valeur de 450 000 €.
La délibération du 27 mars 2018 autorisant le maire à signer ce document avait été déférée à la censure du tribunal administratif de Nice qui rejetait les demandes.
Saisie en appel, la cour administrative de Marseille revient sur les circonstances de ce dossier et sur les termes de l'article quatre de l'ordonnance numéro 2015 – 899 du 23 juillet 2015 dans sa rédaction alors applicable selon laquelle les marchés sont des contrats conclus à titre onéreux pour répondre à leurs besoins en matière de travaux de fournitures ou de services.
Analysant la promesse, la Cour considère que le paragraphe deux contient une clause qui doit être regardée comme indivisible, par laquelle la commune de Grasse commande d'un bâtiment pour un prix de 450 000 €.
Cependant, amendant ce propos, la Cour constate qu'il ressort des pièces du dossier, notamment du manque de spécifications précises de l'ouvrage envisagé, que, alors même que la commune retire un intérêt direct compte tenu de leur montant, ces travaux ne constituent pas l'objet principal du contrat entre la commune et l'acquéreur, qui porte, à titre principal, sur l'aliénation d'un immeuble dont les travaux ne sont que l'accessoire.
Et d'en déduire que le contrat autorisé par la délibération attaquée n'a donc pas la nature d'un marché public.
Fort intéressant arrêt qui vient rappeler que le paiement du prix d'une vente opérée par la collectivité peut parfaitement s'opérer par dation en paiement ce qu'autorisent expressément les dispositions du décret numéro 2012 – 12 46 sur la comptabilité publique.
Cependant, il ne faut pas que le contrat ait pour objet principal la livraison d'un bien au bénéfice de la collectivité, c'est-à-dire la réponse à titre onéreux à l'expression d'un de ses besoins, ce qui sera alors la qualification en toutes lettres d'un marché public.
Les rédacteurs des actes, dont nous savons qu'ils peuvent être reçus et authentifiés par le maire en application de l'article L 1311-13 du code général des collectivités territoriales, auront donc à cœur d'être particulièrement vigilants sur la détermination de l'objet.
La rédaction d'un préambule circonstancié sera à cet égard utile.
Cet article n'engage que son auteur.
Auteur
DROUINEAU Thomas
Avocat
1927 AVOCATS - Poitiers
POITIERS (86)
Historique
-
Apparence physique du salarié et discrimination : ce qui est autorisé aux femmes ne peut être interdit aux hommes
Publié le : 21/12/2022 21 décembre déc. 12 2022Particuliers / Emploi / Contrat de travailEntreprises / Ressources humaines / Contrat de travailLe 23 novembre 2022 (arrêt n°21-14.060), la Cour de cassation a eu à se prononcer sur une question relative à la coiffure arborée par les hôtesses et stewa...
-
L'assureur multirisque habitation et l'assureur dommages ouvrage confrontés au principe de travaux de reprise pérenne
Publié le : 21/12/2022 21 décembre déc. 12 2022Particuliers / Patrimoine / AssurancesEntreprises / Gestion de l'entreprise / Gestion des risques et sécuritéL’obligation contractuelle à garantie de l’assureur multirisque habitation et de l’assureur dommages ouvrage procède du fait que les désordres trouvent leu...
-
Bail commercial : Hôtel et travaux de mise en sécurité
Publié le : 20/12/2022 20 décembre déc. 12 2022Entreprises / Gestion de l'entreprise / Construction ImmobilierQui doit prendre en charge les travaux prescrits par l’autorité administrative ? Cette question, qui concerne dans l’espèce traitée par la Cour de cassatio...
-
La valeur probatoire de l’expertise amiable
Publié le : 20/12/2022 20 décembre déc. 12 2022Particuliers / Civil / Pénal / Procédure pénale / Procédure civileUn récent arrêt revient mettre les pendules à l’heure en matière de retenue par les juridictions d’une expertise amiable produite par une partie au soutien...
-
Prêt et devoir de mise en garde du banquier : rappel du point de départ du délai de prescription
Publié le : 12/12/2022 12 décembre déc. 12 2022Particuliers / Consommation / Contrats de vente / PrêtsEntreprises / Finances / Banque et financeLa Cour de cassation vient confirmer une jurisprudence réduisant les moyens de défense de l’emprunteur défaillant s’agissant de sa demande reconventionnell...
-
Occupation domaniale du domaine privé : l'Austerlitz du conseil d'État
Publié le : 12/12/2022 12 décembre déc. 12 2022Collectivités / Finances locales / Fiscalité/ Gestion de fait/ Chambre des ComptesLe Conseil d''État dans ses 7ème et 2ème chambres réunies a, le 2 décembre 2022, sous le numéro 460 100, décision publiée au recueil Lebon, définitivement...
-
Vente par une collectivité et dation paiement : attention au risque de requalification en commande publique
Publié le : 08/12/2022 08 décembre déc. 12 2022Collectivités / Finances locales / Fiscalité/ Gestion de fait/ Chambre des ComptesDans un arrêt du 11 avril 2022 rendu sous le numéro 21 MA 00 539, toutefois inédit au recueil Lebon, la cour administrative d'appel de Marseille est venue...