Le principe de loyauté des relations contractuelles : le cas des concessions
Publié le :
10/02/2020
10
février
févr.
02
2020
S'il est un principe qui lie le droit privé au droit public, c'est bien celui de l'exigence de relations contractuelles loyales.La bonne foi invoquée par le Code civil, autrefois dans l'article 1134 et désormais à l'article 1104, est évidemment très bien relayée par le conseil d'État qui, sans invoquer les dispositions du Code civil, évoque le principe de loyauté des relations contractuelles.
Dans une décision du 4 octobre 2019 inédite au recueil Lebon sous le numéro 419 312, le conseil d'État est venu rappeler ce principe en reprenant les considérants de principe de sa jurisprudence constante.
Il énonce que les parties à un contrat administratif peuvent saisir le juge d'un recours de plein contentieux contestant la validité du contrat qui les lie.
Il appartient au juge lorsqu'il constate l'existence d'irrégularités, d'en apprécier l'importance et les conséquences après avoir vérifié que les irrégularités dont se prévalaient les parties sont de celles qu'elles peuvent, eu égard à l'exigence de loyauté des relations contractuelles, invoquer devant lui.
Ce rappel est le bienvenu car il permet, nonobstant le déséquilibre parfois constaté dans les relations entre personnes publiques et personne privée, de fixer un principe intangible qui est celui de relations contractuelles stables équilibrées et transparentes.
Cela impose aux collectivités, dans les phases de passation des contrats administratifs qu'il s'agisse de marchés publics ou de concessions, de donner tous les éléments d'information propres à une lecture attentive et sincère des conditions de passation.
C'est encore plus vrai lorsqu'à la suite d'une régie, une collectivité va proposer à un concessionnaire de reprendre un service public.
Il est possible qu'une collectivité omette les coûts induits par la mise à disposition de personnel ou les flux financiers directement fléchés sur le site objet de l'exploitation.
Or, pour la personne privée qui reprend l'exportation, la participation financière de la collectivité dans certaines occurrences n'existera pas, ni la mise à disposition de personnel public évidemment.
Le déséquilibre économique peut être immédiat, dès la première année d'exportation.
On aura égard aux exigences de rentabilité économique financière et commerciale.
Une relation transparente doit s'établir de telle sorte que la personne publique connaisse les taux de rendement interne proposés par la personne privée, la structure financière de son endettement, et les modalités selon lesquelles financièrement elle va conduire l'exploitation de l'ouvrage.
De l'autre côté, la personne privée est en droit d'attendre une information claire et loyale sur les modalités réelles d'exploitation financière par la collectivité en régie, préalablement à la passation de la concession.
C'est le gage d'une relation équilibrée, dans la durée.
À défaut, l'on retombe dans les travers que l'on retrouve aussi dans les contrats privés, manquant parfois à la bonne foi, et faisant les beaux jours des juridictions commerciales ou de l'arbitrage.
Dans tous les cas, sincérité et transparences sont les deux fondements d'une relation équilibrée, pertinente et profitable pour chacun des partenaires.
Cet article n'engage que son auteur.
Auteur
DROUINEAU Thomas
Avocat
1927 AVOCATS - Poitiers
POITIERS (86)
Historique
-
La modernisation des marchés publics : l'augmentation du seuil
Publié le : 13/02/2020 13 février févr. 02 2020Collectivités / Marchés publics / Procédure de passationDans un décret du 13 décembre 2019 qui est entré en vigueur au 1er janvier, le seuil de dispense de procédure pour la passation des marchés publics a été r...
-
Le principe de loyauté des relations contractuelles : le cas des concessions
Publié le : 10/02/2020 10 février févr. 02 2020Collectivités / Marchés publics / Procédure de passationS'il est un principe qui lie le droit privé au droit public, c'est bien celui de l'exigence de relations contractuelles loyales. La bonne foi invoquée par...
-
Irrégularité d’une méthode de notation des offres basée sur l’auto-évaluation
Publié le : 30/12/2019 30 décembre déc. 12 2019Collectivités / Marchés publics / Procédure de passationLe Conseil d’Etat a censuré, dans deux arrêts du 22 novembre 2019 (CE, 22 novembre 2019, société des Autocars Faure, req. n°418460 et CE, 22 novembre 2019,...
-
Le comportement d’un candidat lors de précédentes procédures peut justifier son exclusion (CE 24 Juin 2019, Sté EGBTI)
Publié le : 28/08/2019 28 août août 08 2019Collectivités / Marchés publics / Procédure de passationL’acheteur public peut, pour exclure un candidat, tenir compte des tentatives d’influence sur le processus décisionnel commises par celui-ci à l’occasion d...
-
Appréciation du prix anormalement bas d'une offre au regard de son prix global
Publié le : 02/05/2019 02 mai mai 05 2019Collectivités / Marchés publics / Procédure de passationLa Haute Juridiction rappelle qu’une offre anormalement basse s’apprécie au regard du prix global de l’offre et non au regard de l’une seulement des presta...
-
Impacts de la loi SAPIN II sur les professionnels en matière de commande publique
Publié le : 27/01/2017 27 janvier janv. 01 2017Collectivités / Marchés publics / Procédure de passationLa première loi SAPIN née le 29 janvier 1993 avait révolutionné la commande publique en limitant la durée des contrats de délégation de service public, en in...
-
Marchés publics: la facture électronique bientôt obligatoire
Publié le : 19/12/2016 19 décembre déc. 12 2016Collectivités / Marchés publics / Procédure de passationLes nouvelles obligations de transmission et d'acceptation des factures électroniques dans l'exécution des contrats conclus entre l'État, les collectivités t...