Les industriels et la publicité

Publié le : 21/12/2006 21 décembre déc. 12 2006

Un nouveau réglementLes industriels pourront-ils encore longtemps écrire n’importe quoi dans leurs publicités ?


Depuis quelques années, les grands de l’industrie alimentaire nous abreuvent de publicités, toujours plus avantageuses, sur les bienfaits pour la santé de leurs excellents produits, plus ou moins enrichis de substances bénéfiques.

C’est ainsi que la margarine anti-cholestérol, les excellentes boissons sans sucre mais pleines d’aspartame, les hamburgers qui nourrissent merveilleusement les enfants et tous ces produits laitiers enrichis nous garantissent une action bienfaisante pour la santé.

Il en est de même de tous ces produits amincissants qui permettent sans le moindre effort de retrouver la ligne de nos 20 ans.

Toutes ces présentations abusives, voire mensongères fleurissent et perdurent sans contrôle, ni poursuite (mais il est vrai que ce sont des groupes très puissants) alors que la répression des fraudes engage toutes les poursuites contre les vendeurs de radis noirs qui osent dire que c’est un bon draineur du foie.

Devant ces abus manifestes, les autorités françaises ne font rien (comme ils mettent des années à interdire de donner le nom de BIO à des yaourts qui n’ont rien de BIO) et l’Europe a pris à bras le corps cette situation « afin d’assurer aux consommateurs un niveau élevé de protection et de faciliter leur choix » en exigeant des produits sûrs et convenablement étiquetés.

C’est le règlement du 26 décembre 2006 « concernant les allégations nutritionnelles et de santé portant sur les denrées alimentaires » qui veut réglementer ces publicités et pallier ainsi à la défaillance d’Etats complices de grands groupes industriels.

Ce règlement vise l’étiquetage, toute forme de présentation et de publicité et même les marques et noms commerciaux, comme les images qui revendiquent des qualités nutritionnelles ou des bienfaits pour la santé, que ce soient des aliments traditionnels, des compléments alimentaires, des aliments destinés à une alimentation particulière…

Pour apprécier la pertinence, le sérieux et le bien fondé de ces allégations qui ne doivent en aucun cas, présenter un caractère thérapeutique, ce règlement prévoit de « prendre comme critère d’évaluation, le consommateur moyen normalement informé et raisonnablement attentif et avisé, compte-tenu des facteurs sociaux, culturels et linguistiques », avec une attention particulière aux consommateurs particulièrement vulnérables aux allégations trompeuses tels que les enfants.

On retrouve là le « consommateur moyennement avisé » de la Cour de Cassation qui en l’absence de toute étude, toute statistique, toute enquête, n’est que le magistrat qui rend la décision, qui est très certainement avisé puisqu’il est magistrat ! ! Ou alors, c’est l’opinion du Juge sur l’intelligence majeure du consommateur, dont chacun sait depuis Madame SCRIVENER que c’est en France un imbécile notoire qui ne sait même pas ce qu’il signe ! !

Pour éviter les abus, ce règlement, comme tous les textes européens, précise que « la justification scientifique soit le principal aspect à prendre en compte ».

La difficulté c’est que les études scientifiques sont insignifiantes dans nos pays qui consacrent beaucoup à la maladie et rien à la santé et que l’indépendance des experts, qui sont presque tous liés aux industriels qui les paient est loin d’être avérée.

Il suffit de lire le dernier livre de Thierry SOUCCAR sur les mensonges de l’industrie laitière pour être pleinement édifié.

Le règlement prévoit d’ailleurs que « pour garantir une évaluation scientifique, harmonisée de ces allégations, il conviendrait que ladite évaluation soit effectuée par l’Autorité Européenne de sécurité des aliments ».

A cette fin, le règlement prévoit que d’ici le 19 janvier 2009, la Commission Européenne aura défini « des profils nutritionnels spécifiques et les conditions, y compris les exceptions à respecter en ce qui concerne l’utilisation des allégations nutritionnelles et de santé ».

Ces profils nutritionnels seront fondés sur des connaissances scientifiques concernant le régime alimentaire et l’alimentation et leur lien avec la santé, après un avis scientifique de l’autorité qui devra être donné dans les 12 mois.

Ce règlement créé donc des contraintes très importantes que les fabricants devront respecter, mais il comporte de nombreuses ambiguïtés telles que « l’emploi d’allégations nutritionnelles et de santé n’est autorisé que si l’on peut s’attendre à ce que le consommateur moyen comprenne les effets bénéfiques exposés dans l’allégation. »

Ceci étant, l’obligation pour l’industriel de justifier scientifiquement ses allégations va peut être les inciter à mener des études sérieuses qui n’ont rien à voir avec les bienfaits du lait pour la solidité des os et les bienfaits de l’aspartame, substitut du sucre.

Peut être que la confrontation Européenne mettra un terme à la toute puissance de ceux qui investissent des budgets publicitaires colossaux et que ce règlement ne sera pas une fois de plus, soit ignoré par nos administrations (comme la justice), soit utilisé pour supprimer les petits concurrents de quelques grands groupes de pression.

Quelque soit l’utilisation qui en sera faite, tous les industriels de l’agroalimentaire ou des produits de santé doivent le connaître et faire attention à son application.






Cet article n'engage que son auteur.

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